2004
Performance et vidéo.
Avec Jacques LOISEAU, Marion CHARREAU et Paula GONZALEZ.
Variations pour corde
Performance en deux lieux basée sur l’échange entre les espaces physiques, plastiques, sonores et corporels. Il s’agit d’un jeu faunesque entre l’intérieur et l’extérieur, le masculin et le féminin, la musique et la danse, l’ouïe et la vue, d’attraction et de répulsion.
Deux lieux sont définis, l’un intérieur et l’autre extérieur. Le public est convié à se rendre dans le lieu intérieur, où se trouvent deux musiciens, un violoncelliste et un flûtiste. Est projeté sur un des murs intérieurs la prise de vue faite par l’opératrice caméra, qui filme en gros plan une corde que tient la danseuse qui se trouve dans un espace intermédiaire entre les deux lieux. Les musiciens jouent suivant ce qu’ils observent à l’écran, la danse entre la danseuse et la corde. Peu à peu les spectateurs découvrent que le flûtiste est lié lui aussi à une corde, et que quand la danseuse tire sur la corde, elle entraîne le flûtiste hors du lieu intérieur. Peu à peu les deux encordés se retrouvent dans l’espace intermédiaire, puis la danseuse surgit dans le lieu extérieur, toujours filmée par l’opératrice vidéo. Le violoncelliste continue à jouer suivant en suivant ce qui se passe à la projection, tandis que le flûtiste alterne entre des moments de jeu musical et de danse. Les deux encordés finissent par se trouver face à face dans le lieu extérieur, la corde traversant ce lieu. Débute alors un jeu d’entrelacs d’échanges : rythmes de tension de la corde, d’attraction-répulsion entre les encordés, d’échange entre le jeu du violoncelliste et de l’image (le son de l’intérieur est amplifié à l’extérieur), montant et redescendant dans un rythme sexuel jusqu’à une acmé de libération, le flûtiste quittant l’attraction de la danseuse qui l’avait capté.
L’ensemble fait référence aux jeux entre satyres et nymphes et au combat entre l’émotion et la raison que symbolise la joute musicale entre Appollon et Marsyas. La corde (celle entre les danseurs ainsi que celles du violoncelle) est le symbole de la raison, qui s’oppose au vent (la flûte traversière) et au mouvement (la danse), l’émotion qui déforme les traits raisonnés du visage d’Aphrodite et rend laids les traits. Cette corde, contrairement à l’épisode moraliste de la défaite et de la mort de Marsyas, vibre en harmonie avec l’échange entre les deux danseurs et devient elle aussi vecteur d’émotion.
Le rythme plastique se fait aussi dans le rapport entre intérieur et extérieur, et sur le déplacement actif que peuvent avoir les spectateurs (suivre vers l’extérieur ou rester à l’intérieur), ainsi que sur le déplacement imaginaire (le travail intellectuel et sensuel entre les lieux et les représentations des lieux – vidéoprojection et sonorisation – « l’espace de voyage métaphorique » de Robert Smithson).
Panique
Vidéo en quatre partie basée sur la même thématique que Variations pour corde, l’échange, le rythme sexuel attraction-répulsion, la tension et vibration des cordes prises au jeu des espaces émotifs.
Les quatre parties sont des déroulements successifs premier jour – première nuit – deuxième jour – deuxième nuit.
La tension initiale est remise en jeu par l’utilisation d’une resynthèse audiovisuelle granulaire, comme un ensemble de corpuscules élémentaires et indivisibles qu’on peut réassembler temporellement et spatialement.